Résumé:
La question de l'intégration des personnes migrantes est le sujet de nombreux débats depuis plusieurs décennies (Beacco et al., 2017 : 5, Préface de Thalgott). Dans ces débats, une thématique cruciale qui demeure elle aussi est la nécessité pour ces personnes en situation(s) de migration d'apprendre la langue du pays d'accueil. Cette maîtrise linguistique conditionne l'intégration aussi bien sociale qu'économique, mais également l'accès à l'enseignement supérieur et la réussite dans celui-ci (Punar Özçelik et al., 2022 ; Zlatkin-Troitschanskaia et al., 2018).
Au Luxembourg, le multilinguisme, omniprésent, existe indépendamment de frontières linguistiques ou communautaires (Garcia, 2014). C'est également le cas à l'Université du Luxembourg où plusieurs programmes d'études nécessitent de maîtriser un, deux, trois voire quatre langues locales de manière simultanée. Une telle organisation universitaire peut, en conséquence, représenter une barrière linguistique importante pour les étudiants d'origine étrangère et plus particulièrement pour des étudiants plus précaires, comme les étudiants réfugiés (Ryan & Deci, 2000).
Cependant, l'Université du Luxembourg ne propose ni référencement systématique de ces étudiants, ni parcours de formation spécifiques pour accompagner ceux-ci. Les étudiants réfugiés assistent donc aux formations universitaires, le plus souvent à l'insu de l'enseignant (Philippart & Lejot, 2023).
Notre communication portera sur ce contexte multilingue particulier, où les étudiants réfugiés suivent des formations sans pour autant que leur histoire ne soit connue de l'enseignant, et leurs besoins spécifiques, adressés. A partir de l'analyse de dix entretiens avec des enseignants de l'Université du Luxembourg, nous allons ensuite nous concentrer sur la personne de l'enseignant de langues et sur les stratégies d'enseignement ainsi que les outils sur lesquels ce dernier pourrait s'appuyer pour accompagner des étudiants avec un passé migratoire potentiellement traumatique. Nous évoquerons enfin des pistes de réflexion par rapport à la formation des enseignants à la lumière du contexte d'études luxembourgeois et de ces profils estudiantins.
Mots clés: Enseignement Supérieur, enseignement des langues, migration, réfugiés
Références bibliographiques :
Beacco, J.-C., Krumm, H.-J., Little, D. & Thalgott, P. (2017). The Linguistic Integration of Adult Migrants / L'intégration linguistique des migrants adultes: Some lessons from research / Les enseignements de la recherche. De Gruyter Mouton.
Garcia, N. 2014. « Monolinguisme politique dans une société plurilingue ? Le cas du Luxembourg ». Revue internationale de politique comparée, 21, p. 17-36.
Philippart, C., & Lejot, E. (2023). Projet Erasmus + SERAFIN - Rapport sur l'accueil et la formation linguistique à l'Université du Luxembourg des étudiant·es en situations d'exil. https://hdl.handle.net/10993/57832
Punar Özçelik, N., Eksi, G. & Baturay, M. H. (2022). Augmented Reality (AR) in Language Learning: A Principled Review of 2017-2021. Participatory Educational Research, 9(4), 131-152.
Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-Determination Theory and the Facilitation of Intrinsic Motivation, Social Development, and Well-Being. The American Psychologist, 55(1), 68–78. https://doi.org/10.1037/0003-066X.55.1.68
Zlatkin-Troitschanskaia, O., Happ, R., Nell-Müller, S., Deribo, T., Reinhardt, F., & Toepper, M. (2018). Successful integration of refugee students in higher education: Insights from entry diagnostics in an online study program. Global Education Review, 5 (4), 158-181.