La recherche en didactique des langues s'intéresse depuis plusieurs années à l'apprentissage des langues en situation informelle (Sockett, 2014; Toffoli, 2020) et notamment dans les digital wilds (Sauro et Zourou, 2019) considérant ainsi l'apprenant en langue non plus comme un simple apprenant en milieu scolaire mais aussi comme un acteur social au sein d'une écologie d'usage-apprentissage plus vaste. Le Task Based Language Teaching (Long, 2015), la perspective actionnelle prônée par le Cadre européen commun de référence pour les langues (Conseil de l'Europe, 2001), les “bridging activities (Thorne & Reinhardt, 2008), l'approche socio-interactionnelle (Caws et al., 2021) ou bien encore la démarche de “rewilding” de Thorne et al. (2021) tentent ainsi un rapprochement entre les sphères formelles et informelles susceptible de promouvoir l'agentivité (Bandura, 2009) de l'apprenant, et ce quel que soit le contexte dans lequel il utilise la langue cible. C'est au sein de ce mouvement épistémologique général et dans le but de faire prendre conscience aux apprenants des possibilités de production et d'interaction en L2 existantes en participant à des sites participatifs que le projet Erasmus+ Lingu@num se propose notamment de mettre à leur disposition un catalogue de tâches en ligne ancrées dans la vie réelle, ces dernières offrant une forte dimension socio-interactionnelle (Ollivier et al., 2021 ; 2023), tâches qu'ils effectuent par ailleurs déjà souvent en L1.
Nous avons ainsi proposé à plusieurs groupes d'étudiants d'anglais de Licence 2 en CL de réaliser librement des tâches ancrées dans la vie réelle issues du projet Lingu@num. Les étudiants se sont-ils emparés de cette proposition ? Cette démarche a-t-elle été considérée comme une affordance susceptible de développer leurs compétences socio-interactionnelles en anglais ? Cela émerge-t-il dans leurs productions ? Qu'en retirent-ils ? À travers l'analyse d'un questionnaire et de leurs productions, cette communication se propose de répondre à ces questions tout en interrogeant ainsi au passage les possibles articulations entre les milieux formel, non-formel et informel qu'une pédagogie ouverte et collaborative au sein des CLs peut investiguer et promouvoir.
Mots clefs : tâches ancrées dans la vie réelle, sites participatifs, agentivité, informel
Bibliographie :
Caws, C., Hamel, M.-J., Jeanneau, C., & Ollivier, C. (2021). Formation en langues et littératie numérique en contextes ouverts – Une approche socio-interactionnelle. Éditions des archives contemporaines. https://www.archivescontemporaines.com/books/9782813003911
Conseil de l'Europe. (2001). Un cadre européen commun de référence pour les langues : Apprendre, enseigner, évaluer. Didier ; Conseil de l'Europe.
Long, M. H. (2015). Second language acquisition and task-based language teaching. John Wiley & Sons.
Ollivier, C., Jeanneau, C., Hamel, M.-J., & Caws, C. (2021). Citoyenneté numérique et didactique des langues, quels points de contacts ? Lidil. Revue de linguistique et de didactique des langues, 63. DOI : 10.4000/lidil.9204
Ollivier, C., Jeanneau, C., & Projet e-lang citoyen. (2023). Développer citoyenneté numérique et compétences langagières. Éditions du Conseil de l'Europe.
Sauro, S., & Zourou, K. (2019). What are the digital wilds? Language Learning & Technology, 23(1), 1–7. https://doi.org/10125/44666
Sockett, G. (2014). The Online Informal Learning of English. Houndmills, Basingstoke, Hampshire : Palgrave Macmillan.
Thorne, S.L. & Reinhardt, J. (2008). "Bridging Activities,” New Media Literacies, and Advanced Foreign Language Proficiency, CALICO Journal, 25 (3), 558-572.
Thorne, S. L., Hellermann, J., & Jakonen, T. (2021). Rewilding Language Education: Emergent assemblages and entangled actions. The Modern Language Journal, 105(S1), 106-125. https://doi.org/10.1111/modl.12687
Toffoli, D. (2020). Informal Learning and Institution-wide Language Provision. University Language Learners in the 21st Century. London : Palgrave MacMillan.