La présente proposition retient de l'axe 2 le fait que les approches pédagogiques peuvent générer ou imposer de l'imprévu aux apprenant.e.s. Pour alimenter la réflexion sur ce point, nous considérons un ensemble de situations dans lesquelles les activités à mettre en œuvre par les étudiant.e.s en formation de Master FLE, futurs enseignant.e.s de FLE, ne sont que partiellement cadrées, afin de laisser place à l'incertitude, du fait de devoir faire des choix et de les assumer ensuite, en les mettant en action. Il s'agit en particulier de décider de thématiques d'ateliers d'écriture, ou d'exposés, puis d'animer ces ateliers au sein du groupe de pairs. Les conséquences de ce cadrage assez déstabilisant, faisant la part belle aux imprévus, seront étudiées à travers les commentaires écrits des participants, soit « à chaud » après la séance, ou a posteriori, dans des dossiers de compte rendus et des journaux de bord.
Notre expérience longue (une 15aine d'années) de l'organisation de cette activité conduit à observer une grande diversité des propositions d'écriture par les groupes d'étudiant.e.s de didactique de l'écrit, ainsi qu'une évolution marquée au fil des années vers l'incitation à la production de textes personnels, voire intimes par les participant.e.s aux ateliers. Ces textes moins formellement cadrés par des consignes (à rebours des convictions initiales de l'enseignante) produisent, au moment de la lecture partagée en particulier, des effets sur le groupe. L'analyse des commentaires d'étudiant.e.s permet de mettre au jour les qualités de l'activité, comportant de l'imprévu contextuel (Benaïoun-Ramirez, 2009) en termes d'inattendu (Morin, 2010), de bénéfices additionnels liés au partage des émotions (Rimé, Herbette, 2003), à la rencontre de l'Autre, à la découverte et au plaisir (Houdard-Merot et Mongenot, 2013). Ces apports d'affordance, perçus et appréciés par les étudiant.e.s, présentent un autre intérêt majeur : celui de répondre à la nécessité de sensibiliser les futurs enseignant.e.s à l'impact réciproque entre émotion et cognition (Audrin, 2020).